Au sens littéral : une infrastructure verte

Quarante ans après avoir construit une station pionnière d’épuration naturelle des eaux (SNEP), une petite commune de 700 âmes remet l’ouvrage sur le métier pour la nature: Lajoux JU rénove entièrement sa SNEP et en profite pour remettre à ciel ouvert le ruisseau d’écoulement. C’est une contribution plurielle en terme d’infrastructure écologique. 

Plantons le décor. La commune de Lajoux est située à l’extrémité est des Franches-Montagnes. Le petit vallon du Miéry se trouve au nord du village. Le paysage est typiquement jurassien: forêt et pâturages boisés. Un ruisseau clapotant? Ce dernier manque à l’image d’antan.

Lajoux JU

L'ancienne SNEP en mai 2020

Les constructions de la nouvelle SNEP en septembre 2022

Autrefois

Dans son «Histoire de Saulcy» Gilbert Lovis décrit la création de l’étang des Beusses: en l’an 1709, Nicolas Cerf se mit en tête de construire un moulin dans la Combe des Cerfs (dite aussi Combes des Beusses). Pour faire tourner sa meule, il fallait de l’énergie. Nicolas Cerf décida d’exploiter la force du petit ruisseau local, le Miéry. Mais en l’état, le petit ruisseau ne charriait pas assez d’eau pour alimenter le moulin. Cerf et les habitants de Lajoux choisirent de construire l’étang de rétention des Beusses. La commune le cédera finalement au début du XXe siècle.

En 1982, les autorités locales firent bâtir une station d’épuration des eaux utilisant des ressources végétales. Cette station d'épuration naturelle était la première de ce type en Suisse et la seule en Europe à traiter ensemble eaux usées et eaux de pluie.  Celle-ci était constituée d’une fosse de typ « Emscher » et de trois bassins de lagunages; ils étaient construits et exploités de manière à minimiser l’impact paysager sans aucune consommation énergétique. Parallèlement, le ruisselet du Miéry, alimenté en grande partie par l’eau de ruissellement et par l’eau sortant de la SNEP, fut canalisé et mis sous tuyau. Conséquence: le petit cours d’eau restait invisible, même lors de fortes pluies. La disparition du Miéry a entraîné celle d’éléments naturels structurant le paysage tels qu’arbres, buissons ou haies.

Après 40 ans de service, la première SNEP de Suisse n’atteint plus les exigences requises aux normes de rejets actuelles. Ainsi, la commune a décidé d’assainir de fond en comble cette station d’épuration et de revitaliser l’ensemble de la Combe des Beusses avec la remise à ciel ouvert du ruisseau Miéry.

Le ruisseau Miéry

L'étang des Beusses

Pas de grenouille, mais un escargot

Le rôle du FSP

Grâce à la rénovation de cette station naturelle d’épuration, la commune de Lajoux souhaite garantir à long terme une bonne qualité de l’eau tout en renaturant le Miéry. Remis à ciel ouvert, le ruisseau coulera de nouveau librement et ses rives seront enrichies d’arbres et d’arbustes. Concernant la revitalisation, la commune a résolu de colmater les anciennes conduites et autres drains afin de faire resurgir le Miéry. Il construira ensuite naturellement son tracé jusqu’à l’étang des Beusses. De la sorte, de petits biotopes se formeront petit à petit de manière sauvage. Ces habitats naturels seront par la suite favorisés par des interventions ciblées de modelage. Ce sont ces travaux de remise à ciel ouvert et de revitalisation du cours d’eau qui sont soutenus à hauteur de 38'000 francs par le Fonds Suisse pour le Paysage.

Vous pouvez lire ici comment fonctionne exactement une station d'épuration végétale et ce que le ruisseau revitalisé et les amphibiens ont en commun: Texte complet dans le bulletin

2.12.2022