Multiples efforts pour chouettes chevêches, engoulevents & Co

Pour renforcer la biodiversité, on peut repérer et revitaliser des surfaces essentielles à l’infrastructure écologique en plaine où l’agriculture intensive règne, autant que dans les pâturages des Préalpes. Un projet d’envergure soutenu au Tessin par le FSP le démontre. Il s’agit de protéger plusieurs espèces d’oiseaux menacées.

En 2005, il restait en tout et pour tout quatre couples de chouettes chevêches au Tessin. Dans l’ensemble de la Suisse, on recensait moins de cinquante couples. En effet, suite à l’intensification de l’agriculture et l’expansion des agglomérations, de nombreux biotopes nécessaires à ces oiseaux ont disparu. Grâce à des mesures de conservation ciblées, on dénombre aujourd’hui quelques 150 territoires. La majorité est située en Ajoie et en campagne genevoise, des couples isolés sont installés dans le Grand Marais. Au Tessin, on a compté récemment 24 couples: dans la plaine de Magadino, six pariades couvent sur une surface de 1,5 kilomètre carré.

Cette augmentation réjouissante est le fruit des efforts consentis depuis une vingtaine d’années par l’association Ficedula et la faitière de la protection des oiseaux BirdLife Suisse. Depuis 2015, outre la chouette chevêche, le FSP soutient des mesures qui bénéficient à la huppe et à l’engoulevent. Il y a deux ans, le programme a été étendu à d’autres espèces d’oiseaux menacées. Le FSP a mis à disposition une somme de 160'000 francs; la majeure partie de ces fonds ont été consacrés à des mesures ayant un impact paysager sous forme de revalorisation des habitats des espèces concernées et de leurs proies, de plantation d’arbres haute tige et de haies, d’aménagement de tas de branches et de pierres, d’encouragement des ourlets herbeux et de bandes fleuries, qui fauchées autant que possible en alternance, offrent une nourriture abondante en insectes et petits animaux.

Ajoutez des mesures spécifiques: dans les murs de pierre sèche nouveaux ou rénovés, on construit des nichoirs spécialement destinés aux huppes. Pour les chouettes chevêches, on a établi un recensement précis des vieux nids ou des cavités ayant été occupées dans des arbres creux ou d’anciens bâtiments; de nouveaux nichoirs ont été mis en place – il s’agit désormais de veiller à ce qu’ils perdurent et surtout, que les oiseaux soient laissés tranquilles.

Autres démarches possible: une visite sur le domaine de la coopérative Seminterra qui cultive des légumes bio vendus sur abonnement, selon le principe de l’agriculture contractuelle qui lie consommateurs et producteurs, donne des pistes: ici une haie composée de divers arbustes qui sert aussi de brise-vent, là une prairie fleurie, ensemencée de graines indigènes, une rangé de piquets en bois qui délimitent le bord de la parcelle jouxtant les terres voisines monotones et servent en outre de perchoirs aux oiseaux; enfin, au milieu, une mosaïque variée de carrés de légumes…

Si l’on jette un coup d’œil sur les pentes escarpées d’un alpage qui surplombe la vallée de Vedeggio, on aperçoit l’impact de la protection accordée au légendaire engoulevent: plusieurs hectares de forêts de bouleaux ont été fortement éclaircis – le succès est au rendez-vous: on y a observé le retour de ce rare oiseau nicheur.

Texte dans le bulletin

Photos: Chouette chevêche (en haut) et huppe (Michael Gerber)

2.12.22