Agroforesterie – des cultures arborées
L’agroforesterie est une formule magique de plus en plus fréquemment citée dans les débats sur le climat et la biodiversité lorsqu’on traite d’économie rurale. Le terme s’applique à l’agroforesterie moderne, soit la cohabitation, sur une même surface, d’arbres ou de buissons avec d’autres formes d’exploitations agricoles (grandes cultures, maraîchage, viticulture ou pâturage du bétail). Il faudrait accorder une attention accrue à l’impact sur les paysages de cette multifonctionnalité. C’est à cet aspect primordial que le Fonds Suisse pour le Paysage dédie son premier «Focus FSP» qui sera lancé pour 2022-2023. Le dernier Bulletin FSP aborde les aspects paysagers de l’agroforesterie en présentant trois projets d’agroforesterie soutenus par le FSP.
En vue de favoriser les paysages ruraux proches de la nature, le Bulletin FSP n° 61 fournit des arguments probants en faveur de l’agroforesterie.
Nature
Au cours des dernières décennies, le paysage a évolué à grande vitesse. Avec l’intensification de l’agriculture et le bétonnage du paysage, de nombreux éléments naturels, tels arbres isolés, haies et buissons, ont disparu des panoramas campagnards traditionnels. Dans ces circonstances, les nouveaux systèmes d’agroforesterie offrent de réelles possibilités d’aménager les pratiques culturales pour ménager les ressources et les rendre plus proches de la nature. En intégrant des bosquets sur des terres agricoles, on crée et on met en réseau des biotopes de grande valeur. En outre, les structures (re)boisées peuvent avoir sur le terrain des effets positifs sur le cycle de l’eau et celui des nutriments et réduire l’érosion des surfaces pentues.
Culture
Les formes traditionnelles d’agroforesterie (vergers haute-tige, châtaigneraies et pâturages boisés) font partie des paysages ruraux familiers de Suisse. Elles ont petit à petit disparu au cours des dernières décennies. Voilà pourquoi le FSP soutient depuis 30 ans des projets agroforestiers traditionnels dans toute la Suisse. De nombreux témoignages historiques écrits, peints ainsi que des vestiges disséminés dans le paysage attestent de la présence de formes d’exploitation régionalement adaptées – même si on en parlait pas à l’époque «d’agroforesterie». Pour le FSP, ces nouveaux projets d’agroforesterie moderne ont le potentiel de revitaliser le caractère régional d’un paysage et d’encourager les produits locaux.
Paysages
Ces méthodes culturales ont aussi un potentiel en matière paysagère. En intégrant des éléments caractéristiques tels qu’arbres, buissons, haies ainsi que des tas de pierre ou de branches, l’aspect homogène de terres exploitées en monocultures peut être diversifié et gagner en variété. Suivant les essences choisies et la disposition des arbres et des arbustes plantés, ces nouvelles formes d’agroforesterie peuvent toutefois engendrer une certaine monotonie et donner l’impression de corps étrangers posés dans le paysage. Dans le cadre du «Focus FSP 2022-2023», le FSP souhaite soutenir de façon ciblée des projets qui valorisent de manière exemplaire les paysages en intégrant des structures boisées qui complètent harmonieusement la mosaïque paysagère.
17.12.2021